Retour sur la résidence (s)low tech

Du 29 octobre au 2 novembre 2013, PiNG a accueilli en résidence l’artiste, chercheur et enseignant en arts Benjamin Gaulon, dans le cadre du projet (s)low tech. Il était invité à explorer d’autres façons, plus créatives, d’appréhender les déchets technologiques qui nous entourent, à détourner leurs usages, à questionner leurs finalités et à mettre en écho son travail sur le sujet avec les questions soulevées par (s)low tech.

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LE DÉROULÉ

La résidence s’est articulée autour de 3 temps distincts : un workshop « ewaste », un moment de travail personnel et un moment de partage.

Le workshop « ewaste » s’est déroulé dans la journée du 30 octobre. Il a permis en quelques sortes d’amorcer la résidence, de s’échauffer un peu pour Benjamin Gaulon et de profiter de sa présence pour partager son approche et son travail de façon concrète et active avec les adhérents de PiNG. Ouvert à une quinzaine de personnes, cet atelier s’est organisé autour d’un format que connaît bien Benjamin Gaulon puisqu’il propose régulièrement des workshops « ewaste ». Moments où les participants ouvrent le capot d’objets technologiques mis au rebut, ces ateliers visent à tester concrètement de nouveaux usages créatifs de ces déchets. TV, console, minitel et vieux jouets ont été littéralement ouverts et détournés par les participants pour, au final, trouver une seconde vie (voir vidéo ci-après). La journée s’est conclue sur une présentation collective des projets des uns et des autres.


Les journées suivantes, Benjamin Gaulon s’est consacré au test et développement d’un projet artistique faisant écho aux questions soulevées dans (s)low tech (déchets technologiques, obsolescence, détournement…) : ReFunct Media Module/RMM. RMM est une version miniature de ReFunct Media, installation multimédia où des objets électroniques obsolètes détournés/hackés par divers artistes sont disposés en une chaîne complexe d’éléments interagissants les uns entre les autres. Le projet RMM consiste à créer des modules pouvant être inter-connectés de manière aléatoire ou fonctionner de façon autonome. Les modules seront, par la suite, produits en séries et distribués à des nombreux artistes/hackeurs afin de créer une chaîne de modules pouvant se connecter les uns aux autres, tout en interagissant les uns avec les autres (signal vidéo, audio, électrique). Quelques éléments de documentation ici.

Retrouvez les images du workshop en cliquant ici.

La résidence a permis à Benjamin Gaulon de tester ce concept et de définir un système de fabrication efficace. Ce travail sera poursuivi dans un avenir proche.

La semaine de résidence s’est terminée à PiNG sur un moment de présentation du travail de Benjamin Gaulon dans le cadre de la résidence et plus largement. Les quelques happy few qui étaient là ont pu échanger et discuter avec lui sur sa démarche.

 

REGARDS SUR CET ÉCHANGE

Si la résidence s’est déroulée sous de bons hospices et a permis des échanges entre Benjamin Gaulon et PiNG autour de (s)low tech, suite à celle-ci, nous nous interrogeons quelque part sur ce format, tant sur le fond que sur la forme.

Sur le fond… Quand nous avons pensé cette résidence comme moment fort du projet (s)low tech, nous souhaitions créer un espace dans lequel une personne tiers (artiste, chercheur, enseignant….) vienne poser un regard décalé sur les sujets abordés dans le cadre du projet (s)low tech et nous propose d’autres pistes que celles que nous explorions sur le sujet de l’obsolescence des objets technologiques. Au moment de choisir le résident, nous avons invité un artiste travaillant déjà sur le sujet et pouvant, dès lors, partager avec nous son approche et mettre en perspective nos questions. Suite à la résidence, la pertinence de notre choix se pose : n’aurions-nous pas dû être plus audacieux et inviter un résident n’ayant jamais travaillé sur le sujet pour avoir des propositions/questionnements plus décalés sur les questions (s)low tech ? Aurions-nous dû, comme nous l’avions pensé un moment, inviter plusieurs personnes à travailler ensemble et confronter leurs visions ? Nous regrettons de ne pas avoir été plus bousculés que cela sur nos sujets mais peut-être n’avons nous pas su créer les conditions pour cela.

Ce qui nous amène à nous questionner sur la forme…. Que veut dire accueillir en résidence ? Quel est le bon format ? Quelle est la bonne temporalité ? Comment mieux définir nos attentes et créer davantage d’espaces d’échanges avec les résidents ? Si PiNG accueille des personnes en résidence, c’est bien souvent dans un format « léger » où les résidents nous sollicitent pour un espace (la salle rouge du 38 Breil) et un éventuel accompagnement. Proposer un cadre de résidence au sein d’un projet développé par PiNG, comme pour (s)low tech, est une démarche autre. Si nous avons essayé de la définir au mieux, nous n’avions certainement pas identifié le fait que, pour qu’elle bénéficie le plus possible au projet, cela nécessitait de notre part de créer les conditions d’échange le temps même de la résidence.

En conclusion, cette résidence a été riche en enseignements mais peut-être pas là où nous les attendions.

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